“Le premier sexe ou la grosse arnaque de la virilité” : la déconstruction d’un mythe à la Scala
Sous la forme d’une confession à la Jean-Jacques Rousseau, Mickaël Délis nous raconte, dans une totale intimité, son accession difficile au statut de mâle, la pression familiale et les diktats en tous genres qui on façonné sa personnalité d’adulte rebelle. Drôle, émouvant, bien écrit et pétillant, voici un monologue audacieux qui pulvérise les nombreux clichés liés à la virilité et au patriarcat.
Dans l’alcôve circulaire de la Piccola Scala, un homme se raconte. Sans décor, juste un tabouret, son corps élancé de danseur et une vieille chemise en coton qui va servir à tout : doudou, bébé, châle maternel, pull over. Mickaël Délis est auteur et acteur, et ses mots vont faire écho au “Deuxième sexe” de Simone de Beauvoir par le biais d’une subtile et dévastatrice ironie. Non, le “premier sexe” n’a rien d’enviable, l’enfance d’un garçon peut prendre l’allure d’un chemin de croix, et cela commence sur les genoux de maman. L’enfance constituant le canevas de toute trajectoire existentielle, Mickaël nous rejoue la sienne, façonnée par la névrose dépressive de sa mère. Comment grandir à l’ombre d’une mère toute puissante, loin d’un père qui fait flamber partout sa sexualité, et à côté d’un frère jumeau qui prend le contre-pied de tout ce que vous êtes et de tout ce que vous faites ?
Les copains, les profs, les psys, les ex, les rivaux, mais aussi Virginie Despentes, Romain Gary, Marguerite Duras, Pierre Bourdieu et Virginia Woolf nourrissent ce spectacle savoureux et grave, sensible et léger à la fois. On y croise un professeur émérite de sexologie qui dresse un tableau consternant de nos attributs génitaux, des directeurs de casting faussement ouverts sur les genres, des homosexuels obsédés par la consommation et par le mimétisme. C’est simple, Mickaël Délis nous met tous en boite, de la naissance à l’âge adulte, en commençant bien sûr par lui-même. Narcisse élégant et lettré, il parviendra à se décentrer avec la présence d’un petit être lové dans ses bras.
La vie continue, quel voyage !
Hélène Kuttner
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